Les récipiendaires de l’Ordre de l’Île-du-Prince-Édouard pour l’année 2010 ont été annoncés aujourd’hui par la chancelière de l’Ordre, l’honorable Barbara A. Hagerman, lieutenante-gouverneure de l’Île-du-Prince-Édouard, et M. Maitland MacIsaac, président du Conseil consultatif de l’Ordre de l’Île-du-Prince-Édouard.
Voici le nom des trois Insulaires qui recevront cet honneur :
· Père Brady Smith, de Charlottetown;
· Madame Diane F. Griffin, de Stratford;
· Monsieur Regis Duffy, CM, de Charlottetown.
Ces trois personnes ont été choisies parmi un total de 73 Insulaires mis en candidature pour recevoir la distinction cette année.
L’honneur a été décerné pour la première fois en 1996 à six personnes; depuis, trois Insulaires sont honorés chaque année. Les récipiendaires de l’Ordre pour l’année 2009 étaient madame Wilma Hambly, de Charlottetown; M. Elmer MacDonald, d’Augustine Cove et M. Frank Zakem, de Charlottetown.
Cette distinction permet de rendre hommage aux personnes qui ont démontré de l’excellence ou manifesté un leadership exceptionnel dans leur communauté, profession ou métier. Décernée annuellement à la suite d’un processus public de mise en candidature, il s’agit de la plus haute distinction attribuée à un citoyen de la province. Pas plus de trois récipiendaires sont choisis chaque année par un conseil consultatif indépendant composé de neuf personnes. L’insigne de l’Ordre sera présenté par Son Honneur, la lieutenante-gouverneure, à une cérémonie spéciale d’investiture le 6 octobre à la Maison du gouvernement, à Charlottetown.
Père Brady Smith
Le père Brady Smith poursuit sans relâche son œuvre à l’Île-du-Prince-Édouard et dans les provinces de l’Atlantique pour aider des personnes et des familles à combattre la dépendance.
Né il y a 84 ans à Fort Augustus, le père Smith a succombé très tôt à la tentation de l'alcool et, par la suite, à l'appel de la vie religieuse, une combinaison qui, au fil des ans, a mis sa vie sens dessus dessous. Par moments, sa vie devenait totalement hors de contrôle, et il était impossible à prévoir qu'il arriverait à se sortir d'une épreuve extrêmement pénible que certains connaissent intimement, alors que d’autres ne peuvent que s’imaginer. Aidé par la foi, le père Smith est passé, comme il a déjà été dit, de l’état d’une personne souffrant de sa propre maladie à celui d’une personne aidant les autres à surmonter des problèmes similaires.
Toutefois, cela ne s’est pas produit du jour au lendemain. Dans les années 1950, le père Smith est allé vivre en Ontario et est entré chez les frères. À l'époque où il étudiait et pratiquait des sports, il a essayé de cesser de boire, mais cette initiative s'est avérée difficile. Des années de tourments, de chômage, de maladie et d’itinérance ont ensuite suivi. « En vérité, Dieu ne modifie point l’état d’un peuple tant que les hommes qui le composent n’auront pas modifié ce qui est en eux-mêmes », dit un verset des Saintes Écritures, et c’est lors de cette période sombre que le père Smith est courageusement devenu membre des Alcooliques Anonymes. Il a poursuivi ses études à l’université, où il a étudié les dépendances pour les comprendre et découvrir le pouvoir qu’elles exercent. Par la suite, lorsqu’il est revenu à l’Île-du-Prince-Édouard, il a travaillé pour l’Addiction Foundation. Plus tard, il a été ordonné prêtre.
Le père Smith a ouvert Serenity Place à Charlottetown. Il s’est fondé sur ses propres expériences difficiles pour conseiller les personnes ayant des dépendances à l’alcool, au jeu et aux drogues, ainsi que les familles touchées. En 1999, il a reçu le Prix du premier ministre pour la prévention du crime. Encore de nos jours, il continue de conseiller les personnes dont les dépendances ont pris le meilleur d’elles-mêmes.
Comme le dit un vieil adage « d’abord l’homme prend un verre, puis c’est le verre qui le prend ». Le père Smith fait sortir des hommes et des femmes de tous les horizons d’une vie menée par la drogue pour les ramener vers la vie qu’ils avaient quittée ou dont ils avaient, dans une certaine mesure, rêvé ou à laquelle ils avaient aspiré. Il est vrai que dans de nombreux cas, des familles sont rétablies et changées, mais elles sont aussi renforcées.
L’Ordre de l’Î.-P.-É. reconnaît la « contribution remarquable [d’une personne] à la vie sociale, économique et culturelle » de la province et à celle de ses résidents. Grâce aux soins qu’il a donnés aux personnes tombées dans l’enfer de la dépendance, à la connaissance qu’il avait de sa propre faillibilité et à son utilisation de la force obtenue au cours d’un apprentissage acquis avec difficulté, le père Brady Smith se montre à la hauteur de ces exigences.
Regis Duffy
En chimie, un catalyseur augmente la vitesse d’une réaction dans d’autres éléments sans changer lui-même de façon permanente. Dans notre province, J. Regis Duffy met depuis longtemps en place des activités et pousse les autres à changer leur manière de penser, mais il est loin d’être du type à ne pas subir lui-même de changements.
Né à Kinkora en 1932, M. Duffy a d’abord fréquenté l’Université St. Dunstan, puis a poursuivi ses études à l’Université Fordham à New York pour effectuer sa maîtrise et son doctorat. Sa carrière universitaire comprend le poste de directeur du Département de chimie de l’Université St. Dunstan, puis le poste du premier doyen des sciences à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard. En tant qu’universitaire publié faisant partie de diverses sociétés professionnelles et savantes, il jouit d’une solide réputation au Canada et aux États-Unis.
En 1970, M. Duffy a créé Diagnostic Chemicals Limited, une entreprise qui, après des débuts modestes, est devenue chef de file dans la création d’ingrédients pharmaceutiques actifs. L’entreprise qui a succédé à Diagnostic Chemicals Limited, BioVectra, a accru davantage ses activités en matière de produits pharmaceutiques et de spécialités chimiques. Diagnostic Chemicals Limited est classée parmi les plus importantes entreprises du Canada atlantique, et au cours des 40 dernières années, M. Duffy s’est vu remettre de nombreux prix et a reçu des distinctions bien méritées pour son excellence en matière d’innovations et d’affaires.
Depuis 1962, il poursuit son engagement de longue date envers le monde universitaire. Que ce soit à titre de professeur, de doyen ou de président du conseil des gouverneurs, M. Duffy a contribué grandement à la vie communautaire de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, ainsi qu’au milieu scientifique de la province. La collectivité universitaire a reconnu ses réalisations à de nombreuses occasions, et en 2007, l’a nommé président honoraire du conseil.
Les services qu’il a rendus à la collectivité comprennent du travail effectué auprès de la Ville de Charlottetown, d’ACF Equity Atlantic et de Prince Edward Island BioAlliance Inc. Néanmoins, aucune de ces responsabilités ne l’a empêché d'offrir de son temps et de sa vitalité considérable afin d’aider à collecter des fonds pour l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, la Fondation de l’hôpital Queen Elizabeth, l’organisme Jeunes Entreprises et la Croix-Rouge canadienne de l’Î.-P.-É.
En 1995, M. Duffy a été nommé membre de l’Ordre du Canada, et il y a à peine deux ans, il a reçu le Prix humanitaire de la Croix-Rouge canadienne pour la région de l’Î.-P.-É. Sa « contribution remarquable à la vie sociale, économique et culturelle » de l’Î.-P.-É. est manifeste dans l’infrastructure qui nous entoure; elle est visible par la façon dont son travail a encouragé d’autres entreprises à croître, et fait sentir sa présence quotidiennement dans la vie économique de notre province. On peut affirmer sans l’ombre d’un doute que sans lui, beaucoup de ces éléments ne seraient pas présents, ou ne seraient pas encore établis. J. Regis Duffy est un visionnaire qui voit de quelle manière les choses peuvent changer. Il pousse et inspire les autres à innover et à regarder vers l'avenir. Pour ces raisons, ainsi que pour beaucoup d’autres, il est un récipiendaire éminent de l’Ordre de l’Île-du-Prince-Édouard.
Diane F. Griffin
Tous les jours, nous entendons parler des dangers pour l’environnement causés par l'inaction en matière de changement climatique, l'incapacité de mettre fin à des déversements de pétrole en mer et, plus près de nous, la façon dont un réservoir de carburant endommagé menace le sol situé autour d’une église, d’une entreprise ou d’une maison. De tels événements semblent échapper complètement à notre action ou à notre volonté.
Diane Griffin est née à Travellers Rest dans une famille d’agriculteurs, et réside depuis un certain temps à Stratford. Employée par des universités ou des gouvernements, elle enseigne, écrit et élabore des politiques relativement à des questions écologiques afin de changer notre façon de penser, de nous permettre de nous prendre en main grâce à la connaissance et de veiller à ce que les générations à venir puissent, comme l'a dit Ralph Waldo Emerson, rencontrer la nature « face à face » et vivre « une relation originale avec l’univers » [traduction libre].
Cette biologiste et naturaliste réputée a travaillé à conserver, à restaurer et à élargir les espaces naturels à l’Île-du-Prince-Édouard, ainsi qu’en Alberta. Mme Griffin est actuellement la gestionnaire de programme de l’Î.-P.-É. pour Conservation de la nature Canada. Ses articles et ses exposés influencent directement beaucoup de gens à l'échelle provinciale et nationale, et diffusent davantage le message suggérant que protéger les milieux sauvages réside entre les mains de tout un chacun, et que cette initiative est essentielle au bien-être de la planète entière. Mme Griffin a reçu des éloges de la part de nombreuses personnes. En 2008 seulement, elle a reçu le prix Honourable J. Angus MacLean Natural Areas, présenté par l'organisme Island Nature Trust, ainsi que le Prix de l’environnement de l’Île-du-Prince-Édouard.
L’énergie et la détermination de Mme Griffin visant à promouvoir une protection des terres plus intelligente ont pu être observées lors de diverses occasions, comme lorsqu'elle s'est portée avec succès à la défense de marécages et de dunes de grande valeur situés à Greenwich, qui étaient autrefois destinés à la construction de copropriétés, et qui sont plutôt devenus une partie du parc national. À Stratford, elle appuie le réseau d’autobus ainsi que les efforts visant à réduire la pollution lumineuse grâce à une initiative pour un ciel étoilé. Elle emmène aussi ses compagnons et ses compagnes de Rotary faire des promenades dans la nature.
Ces exemples nous montrent les aptitudes de Mme Griffin, et indiquent que lorsque des personnes prennent des mesures intelligentes pour sauver des lieux situés près de leur demeure, elles contribuent à l’amélioration de leur province, de leur pays et davantage. La culture de notre Île s’exprime, en partie, dans notre gestion de la nature. Quand nous en prenons soin, nous réaffirmons certaines des croyances les plus solides de notre société, ainsi que nos espoirs envers l'avenir, malgré la nature souvent intangible de cette réaffirmation. Milton, un poète anglais, considérait qu’il s’agissait d’un « [...] préjudice lamentable envers la nature que de ne pas sortir pour admirer ses richesses, et prendre part à ses réjouissances avec le ciel et la terre » [traduction libre]. Diane Griffin s’est enrichie grâce à ses études et à ses travaux, et de ce fait, est en mesure de nous aider à prendre part à la beauté des milieux sauvages qui nous entourent, qui peuvent sembler mis en péril par d’immenses forces par moments. Elle nous donne aussi des idées et des stratégies pour préserver la nature et l’identité de notre province.